La Scam – Société civile des auteurs de multimédia – vient de rendre publique une enquête sur les revenus des journalistes. 20000 journalistes ont été sollicités et 3407 ont répondu au questionnaire. L’étude analyse la détérioration des conditions financières et des inégalités dans la profession. On y trouve la confirmation que ce métier ne permet pas de faire fortune : 12% des répondants déclarent des revenus inférieurs à 13000 € nets par an, et 64 % entre 13000 et 40 000€. Ce qui correspond aux chiffres de la récente étude l’Observatoire des Métiers de la Presse qui établissait pour 2012 le salaire médian à 2000 € pour les pigistes et 3487 € pour les CDI. .
Au delà de ces chiffres, les commentaires libres des répondants illustrent la dégradation qualitative de l’exercice de leur profession, dont les journalistes sont conscients. « L’évolution du métier est jugée de façon très négative, avec un secteur en grande fragilité, des pratiques qui se détériorent, une perte de sens et une profession discréditée » soulignent les rapporteurs.
Les verbatim sont édifiants : l’un dénonce « la montée en puissance de l’editing, de l’emballage, de l’article, du «marketing», au détriment du fond » ; un autre l’impact de « la prolifération des chaînes en continu qui diffusent des flux d’images sans décryptage et des reportages sans valeurs ajoutées… ». Internet a sa part de responsabilité dans ce constat désabusé : « L’alignement, hier sur le journal de TF1, aujourd’hui sur le buzz, s’accompagne d’une volonté de «fabriquer» l’information déconnectée de la réalité ». Les hiérarchies et éditeurs sont épinglés parce que «nos journaux traitent de plus en plus les sujets censés intéresser le public, plutôt que d’essayer d’intéresser le public à tous les sujets ». Enfin ces confrères s’inquiètent du poids de la communication: « La confusion [est] de plus en plus évidente entre com et information » lit-on , ou encore « la dictature des attachés de presse est totale. On est blacklisté très vite si on ne dit pas constamment du bien des projets.»
Qui a dit que les questions déontologiques ne concernaient pas les journalistes ?
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