Archive pour le Tag 'confiance'

Le « facteur confiance » : l’autorégulation clef du respect de la déontologie des médias

Le système d’autorégulation est la meilleure prévention contre les initiatives politiques pour réguler la façon dont les journalistes travaillent. Une étude récemment publiée- en anglais ici – par l’Ethical Journalism Network le démontre abondamment.

The Trust Factor – Le facteur confiance – présente des monographies résumées ici en français – sur la réponse aux questions éthiques posée par le public dans 10 pays ou régions. Elles sont rédigées par des chercheurs ou des journalistes engagés de longue date dans la réflexion sur l’éthique et la déontologie des médias. Aidan White, journaliste britannique qui a longtemps été secrétaire général de la Fédération Internationale des Journalistes et qui anime aujourd’hui cet Ethical Journalism Network a coordonné ce travail et rédigé sa longue introduction.

The Trust FactorPour lui, les choses sont claires: « la nécessité d’un journalisme sérieux et responsable est plus grande que jamais ». Mais il estime que les outils de régulation existants sont marqués par les habitudes de la « vieille presse », où on distinguait entre un système de régulation volontaire pour les journaux écrits et des contrôles juridiques, via les licences d’émission, pour l’audiovisuel. La convergence des médias impose désormais la création d’un « seul organisme national de régulation, qui couvre toutes les plates-formes du journalisme ».

3 niveaux d’autorégulation déontologique

Analysant ces études dans les pays ou régions témoins, Aidan White identifie 3 niveaux d’autorégulation du secteur : les journalistes, les entreprises, et la profession dans son ensemble. Individuellement, les journalistes doivent pouvoir agir selon leur conscience, en se référant à un ou des codes, qui, dans l’idéal, devraient être mentionné dans les contrats de travail. L’existence d’un « système d’alerte permettant aux journalistes de divulguer des cas de corruption ou de co

mportement contraire à l’éthique » est une clef de leur indépendance déontologique, ajoute Aidan White.

Au sein de chaque entreprise de presse, l’existence de systèmes internes pour « traiter les plaintes et les questions du public », comme un médiateur ou un correspondant du public, est indispensable, comme l’est le traitement transparent au sein de la rédaction des éventuels conflits d’intérêt. Ce niveau de régulation est pour l’auteur celui qui « peut-être compte le plus » pour montrer que « les médias prennent la question au sérieux ». Il déplore que des considérations économiques amènent parfois à supprimer des postes de médiateurs, alors que « préserver un journalisme honnête est de l’argent bien dépensé pour les médias et pour le grand public et un bon investissement pour la démocratie« .

Enfin au niveau national, « le facteur confiance » du public vis-à-vis des médias demande, écrit-il, un « système commun de gestion des plaintes gratuit et transparent, proposant une procédure d’arbitrage pour une résolution rapide des plaintes » et une commission rendant des avis motivés, sur la base d’un code de conduite commun. Cette instance de régulation doit « être indépendante des intérêts politiques et industriels« .

Ce tableau idéal, selon l’Ethical Journalism Network, ne se retrouve pas tous les pays étudiés, bien au contraire. Si la Norvège « est un modèle du genre » une autorégulation efficace et crédible n’existe que dans un petit nombre de pays et varie considérablement dans différentes parties du monde et même au sein d’une même région. Pierre Ganz

Journalistes au front :« Une information ne vaut pas une balle… »

Les Entretiens de l’information ont organisé le 26 juin une « journée de réflexion » autour du thème « Informer sur les guerres de l’armée française ». Jean-Dominique Merchet (L’Opinion) a bien défini les différents rôles journalistique, en fait « trois métiers : reporter de guerre, suivi de l’actualité politico-militaire en France, et suivi de l’institution militaire elle-même », l’exemple de la féminisation des armées (15% des effectifs aujourd’hui) à l’appui.

Le deuxième métier est sans doute le plus ingrat, si l’on en croit les spécialistes. « Dans les rédactions, on ne s’intéresse qu’aux clichés : Bamako, c’est la libération de Paris, l’avancée des militaires c’est le Paris-Dakar, les opérations au Mali c’est la rémanence des djebels de la guerre d’Algérie », regrette Pierre Babey (ancien rédacteur en chef à France 3). Bruno Fanucchi (Le Parisien, président de l’Association des journalistes défense) renchérit : « Pour chaque reportage, il faut se battre pour partir. Lorsque sur le terrain on propose un sujet, un rédacteur en chef peut être intéressé, un autre non… quand on appelle d’Afghanistan, ce n’est pas très amusant ». Et Jean Guisnel (Le Point) enfonce le clou : « Maintenant, les rédactions veulent des gens qui sautillent d’un sujet à l’autre. Et si le papier n’est pas personnalisé, il n’a aucune chance de passer… »

Des relations professionnalisées

Pour les reporters sur le terrain – et particulièrement sur les opérations au Mali et en Centrafrique – être embedded (accompagner un détachement) ou pas ne paraît plus être un problème, comme lors de première guerre du Golfe. « C’est un mal nécessaire, mais les relations avec les militaires se sont professionnalisées depuis vingt-cinq ans, souligne Vincent Hugeux (L’Express). La clé est la clarté du contrat, le non-dit est générateur de toxines ». « Même dépendant totalement des militaires, comme moi à Gao, on peut avoir une autonomie de jugement » (Thomas Hofnung, Libération). « Sur le terrain, il ne faut pas montrer une proximité trop forte » (Claude Guibal, France Culture).

En Centrafrique, le lieutenant-colonel Thomas Mollard a encadré quelques 480 journalistes de tous pays en quatre mois. Son credo : respecter de part et d’autre un « pacte moral » ; « mon rôle est de vous permettre de faire votre métier ». Les journalistes confirment qu’il n’y a « aucun contrôle » sur le travail des envoyés spéciaux. Conclusion du patron de la Délégation à l’information et à la communication de la défense (DICOD) Pierre Bayle : « Les dernières opérations ont montré qu’on avait dépassé les incompréhensions ».

Jusqu’où prendre des risques ?

Question très présente chez les journalistes (comme chez les militaires et les responsables politiques). Nicolas Hénin, free lance : « J’ai maintenant peur de ce que je connais », le cauchemar d’une prise d’otages de dix mois en Syrie… Marc Semo (Libération) énonce un sentiment général : « Le grand changement, ce sont les prises d’otages ». Mais le risque est inégal : d’un côté les journalistes des grands médias qui peuvent y faire face, de l’autre, dénonce Stéphane Manier (membre du bureau de Reporters sans frontières) « la masse des indépendants, des occasionnels qui sont dans des situations extrêmement précaires et prennent des risques insensés ». Morad Ait-Habbouche a été de ceux-là, il dirige maintenant une petite agence et constate, amer, que les chaînes de télévision n’augmentent pas leur rétribution en fonction des risques. Alors il veut qu’on se pose « la bonne question : prendre des risques, pour quoi et pour qui ? » Lui répond : « Une information ne vaut pas une balle ». Y.A.

Sondage : les médias avant dernière institution pour la confiance des français

Un sondage IFOP* publié le 7 octobre par Le Figaro sur la réforme de la justice comprend une question moins commentée sur la confiance accordée à différentes institutions. Les médias en sortent étrillés.

Seules 26 % des personnes interrogées disent leur faire confiance. Un peu mieux que les élus qui ne recueillent que 18%  de confiance, beaucoup moins que la justice (50 %), la police (74%), l’école (76%), l’armée (81%) et les hôpitaux (84%). La situation se dégrade puisque qu’en 2011, 30% des sondés faisaient confiance aux médias.

Dans le détail les femmes font un peu plus confiance aux médias que les hommes (27 % contre 24), et il semble que la méfiance augmente avec l’âge. Les habitants des communes rurales, qui restent lecteurs de titres centrés sur l’information de proximité, sont moins méfiants (29 % de confiance) que l’ensemble des citadins (25%) et les habitants de la région parisienne (22%). En terme de positionnement politique, plus on s’éloigne du centre moins on fait confiance aux médias : les électeurs de François Bayrou en 2012 et les partisans de l’UDI, ceux de François Hollande et du PS sont plus les confiants dans les médias sans que ce sentiment soit majoritaire.

Ce sondage, dont la méthode sur les questions liées à la réforme de la justice a été contestée ici,  traduit une fois encore le malaise qui s’est installé entre les français et l’information. Et la nécessité et l’urgence prendre les initiatives qui contribueront à recréer cette confiance envers les journalistes et les médias. Dont la création d’une instance d’autorégulation déontologique.

* Echantillon de  1005 personnes,  représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus – méthode des quotas, questionnaires  auto administrés – 2 au 4 octobre 2013  :: Voir ici les données « médias »  de ce sondage.

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