La réflexion sur la pratique du journalisme est dense au Canada. Il y a les avis du Conseil de Presse québécois – ceux des provinces anglophones sont moins actifs ces dernières années – ou de l’ombudsman de Radio Canada / CBC. Il y a le travail des syndicats et des universités de journalisme, mais aussi d’associations comme l’Association des Journalistes Canadiens ou l’Observatoire du journalisme, où se retrouvent chercheurs, journalistes, médias, associations.
Deux initiatives récentes sont à souligner. Le Conseil de Presse du Québec a réuni en mai des journalistes, policiers, intervenants en santé publique et proches de victimes pour débattre de la couverture des homicides intrafamiliaux. Le rapport de synthèse de cette journée de réflexion met en lumière les contraintes des uns et des autres, souligne l’incompatibilité entre « la vitesse [voulue par les médias] et la compréhension de la complexité » qui conduit à ces drames, et suggère une « formation des journalistes à approcher les personnes concernées autant pour bien faire [leur] travail que pour respecter ces gens ».
Le guide « En Tête, reportage et santé mentale » publié en mai – il est ici – par le Canadian Journalism Forum on Violence and Trauma avec le soutien de la commission de la santé mentale du Canada et de CBC est le résultat d’un travail entre journalistes, documentaristes, professeurs de journalisme, psychiatres et travailleurs sociaux. Partant du constat que « les médias peuvent involontairement ou intentionnellement contribuer à propager [d]es préjugés [sur les maladies mentales]« , il pose comme principe qu’il faut « traiter la maladie mentale de la même façon que la maladie en général. C’est à dire avec curiosité et compassion et une bonne dose d’indignation« . Ce guide décrypte les stéréotypes dont les maladies mentales font l’objet, et fait des recommandations pour les interviews des personnes atteintes, la couverture des suicides ou la compréhension de 9 troubles parmi les plus fréquents. Son succès a dépassé les espérances : les 5000 exemplaires dont 2000 en français ont été rapidement épuisés, et un retirage de la version anglaise est en cours.
Enfin l’Institut National de Santé Publique du Québec met en ligne des « trousse médias » sur la violence conjugales – ici - ou les agressions sexuelles – ici . Quelques dizaines de minutes de lecture sur ces sites donnent au journaliste qui va traiter un fait divers sur ces questions les connaissances nécessaires pour éviter les contre sens, les mythes et les stéréotypes. PG
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