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Le PS s’engage sur la déontologie de l’information

Le secrétaire national du PS chargé des médias, Philippe Buisson*, a organisé le 17 avril une « conférence » publique à Paris sur « Comment soumettre les aides à la presse à des exigences déontologiques ». Deux heures et demie d’interventions et de débat en présence de Michel Françaix, député de l’Oise, et devant une cinquantaine de personnes, professionnels des médias ou non. Au-delà des aspects techniques des aides à la presse, nous avons retenu particulièrement trois points.

D’abord l’engagement du Parti socialiste en faveur de la déontologie de l’information. Le secrétaire national s’est déclaré partisan de l’adoption d’une « charte chapeau » en la matière et de la création d’un « organe de déontologie », qui devrait être « porté par la profession, journalistes et éditeurs ». « Retrouver la confiance du public est l’objectif principal », a dit Philippe Buisson, qui a conclu les débats en déclarant : « Nous sommes au cœur d’un enjeu de démocratie. Avec les réformes en cours sur les aides à la presse, la protection des sources et l’audiovisuel, il y a une opportunité presque immédiate d’avancer vers la création d’outils pour assurer la déontologie de l’information ». Le Parti  Socialiste a publié dans les jours qui ont suivi un communiqué actant ces prises de positions – lire ici et la réaction du SNJ ici.

Les syndicats de journalistes, présents à la tribune (SNJ) ou dans la salle (CGT, CFDT, CFTC) le 17 avril ont notamment évoqué la question d’un code de déontologie s’imposant à tous. Mais ils sont apparus divisés. S’appuyant sur l’échec des discussions paritaires sur le projet d’un texte commun et consensuel (2009 – 2011), Jérôme Bouvier (médiateur de Radio France et organisateur des Assises du journalisme) a lancé : « Remettre l’adoption d’une charte en postulat, cela prendra des années. Il faut créer une instance et s’appuyer sur les différents textes, qui ont presque tout en commun. Sortir la déontologie d’un mauvais dialogue social et faire en sorte qu’elle rassemble ».

L’intervention la plus remarquée et la plus convaincante a sans doute été celle d’André Linard, secrétaire général du Conseil de Déontologie Journalistique de Belgique francophone (lire ici sur le rapport 2012 du CDJ) . Celui-ci a été créé en 2009 grâce à la médiation et à l’aide financière du gouvernement de la Communauté ; il dépend d’une instance paritaire, mais il est totalement indépendant ; il comprend un cinquième de représentants du public, 6 sur 20 membres titulaires (autant de remplaçants). « Son premier rôle est de dire la déontologie », a précisé André Linard. Mais il a aussi un rôle préventif et constructif, en informant sur la déontologie, notamment dans les rédactions et les écoles de journalisme. Depuis trois ans et demi, on n’a constaté aucun clivage éditeurs/journalistes. Et le conseil n’est plus perçu comme un gendarme ou un juge, mais comme un appui à une presse de qualité ». Y.A.

* Maire de Libourne, porte-parole du Conseil régional d’Aquitaine

Interview d’Aurélie Filipetti

« Tout ce qui favorise la médiation entre la presse et le public est à encourager », affirme celle qui allait devenir la nouvelle ministre de la culture et de la communication. L’APCP l’a interrogée le 10 avril 2012, en pleine campagne. Aurélie Filipetti était chargée, dans l’équipe de campagne de François Hollande, des secteurs culture et médias. 

 

Comment jugez-vous, du point de vue de la démocratie, la situation de l’information ? 

Je suis très inquiète. Les médias n’ont plus suffisamment de liberté, d’indépendance. C’est un vrai recul, comme en témoigne la place de la France dans le classement de Reporters Sans Frontières. Cette place est symptomatique d’une série de crises : concentrations dans la presse écrite ; implication de groupes industriels recevant des commandes publiques dans de grands médias, un cas unique au monde qui demande une attention particulière ; législation insuffisante sur la protection des sources… L’indépendance des rédactions est bafouée, des journalistes espionnés, de fortes pressions sont exercées par le pouvoir politique. C’est un recul, une grande source d’inquiétude.

Et sur la qualité de l’information ?

Je suis pour l’indépendance des médias et des journalistes. On n’a pas à juger le fond. Le combat à mener est de garantir les conditions qui leur permettent de faire leur travail correctement. Or beaucoup d’entre eux sont précarisés et ne sont pas dans de bonnes conditions pour y parvenir. Dans quels domaines et avec quelles limites le « politique » doit-il intervenir en faveur de l’information des citoyens ? Il faut d’abord doter les rédactions d’une reconnaissance juridique, afin qu’elles retrouvent cette capacité et cette liberté qui devrait être la leur. Il faut aussi redéfinir des seuils de concentration pour l’ensemble des médias, et que le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, pour ce qui le concerne, tienne compte de ces nouveaux critères dans la régulation dont il est chargé. Pour la presse écrite, il faut éviter dans les régions des situations de monopole qui s’aggravent. Dans les situations où un journal est en difficulté, les repreneurs possibles ne sont pas forcément des industriels… Il faut aussi revoir la législation sur les archives et les données publiques, afin d’assurer une ouverture très large à tous les citoyens.

 

Faut-il réformer le CSA ?

Oui, et d’abord son mode de nomination. Les membres du CSA doivent être nommés par une majorité qualifiée des deux commissions des affaires culturelles de l’Assemblée nationale et du Sénat, afin d’assurer une nomination réellement démocratique et pluraliste. Mais le CSA doit aussi disposer de pouvoirs renforcés, et de sanctions renforcées, pour lutter notamment contre les concentrations. En matière de déontologie, on peut s’interroger aussi sur l’élargissement des compétences du CSA et les sanctions possibles.

Ne faut-il pas assurer une représentation du public ?

Le CSA doit être composé de personnalités compétentes. Avec un nouveau système de nomination des « sages » de l’audiovisuel, par des parlementaires de la majorité et de l’opposition, le CSA deviendra vraiment indépendant. Faut-il favoriser l’adoption d’un code déontologique reconnu par toute la profession ? Il ne faut pas réinventer une charte déontologique, il en existe déjà. De  plus, ce n’est pas au politique de dire ce que doit être un texte déontologique, c’est à la  profession. En revanche, la législation peut obliger à ce qu’un code, négocié dans l’entreprise, soit annexé au contrat de travail, afin que le journaliste soit protégé lorsqu’il le respecte.

Êtes-vous favorable à une instance nationale de déontologie de l’information, de type « conseil de presse » ?

Oui, c’est une bonne idée, ce serait quelque chose d’utile. Tout ce qui favorise la médiation entre la presse et le public est à encourager. Il ne faut pas opposer les journalistes et le public (d’ailleurs, les jeunes journalistes sont désormais totalement dans l’interactivité, ils n’ont plus de réflexe méfiant vis-à-vis du public). Le politique peut encourager la création d’une telle instance, mais sans être trop dirigiste.

Que proposez-vous d’autre dans le domaine de l’information ?

Nous voulons aussi une réforme des aides à la presse. D’autre part, je suis très attachée à l’éducation aux médias et il faut la développer. C’est essentiel pour avoir des citoyens éclairés, capables de bien « traiter » les informations qu’ils reçoivent.

Propos recueillis par Yves Agnès et Guy Vadepied

 

Interview publiée dans le bulletin n°18 fichier pdf

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