Comme chaque année depuis 26 ans, La Croix et TNS Sofres ont publié le 21 janvier leur Baromètre de confiance dans les médias. L’attrait des français pour l’actualité ne se dément pas. Ils sont toujours autour de 7 sur 10 à s’y intéresser. Plus on vieillit, plus on s’intègre socialement et professionnellement, plus cet intérêt est grand : 57 % des 18-24 s’intéressent à l’actualité, 72 % des 35-64 ans ; 51 % des commerçants, artisans, chefs d’entreprise et 62 % des ouvriers, 75 % des cadres et 76 % des retraités; 61 % des titulaires d’un brevet général ou technique, 79 % des diplômés de l’enseignement supérieur. En terme partisan, seul les électeurs du Front National ou les personnes « sans préférence partisane » sont en retrait de la moyenne nationale, de près de 10 points.
Saturation et sentiment de sous information
TNS Sofres a soumis une liste de 32 évènements aux personnes interrogées, qui devaient dire pour chacun si les médias en avaient trop ou pas assez parlé. Une majorité regrette que les médias aient trop parlé de la crise à l’UMP, de l’affaire du Carlton de Lille, du twitt de Valérie Trierweiler et des exilés fiscaux, et pas assez du coup d’état au Mali, de la crise en RCA, du plan social à Aulnay sous Bois ou des jeux paralympiques, et « juste ce qu’il faut » des élections américaines, des tueries de Toulouse et Montauban ou de celle de l’école de Newton aux Etats-Unis et des JO de Londres. Rappelant que le sondage a eu lieu début janvier, Edouard Lecerf , directeur général de TNS Sofres relativise ces jugements en évoquant un phénomène « bon conscience et faux cul ». L’évolution d’une situation conduit à regretter de ne pas y avoir été suffisamment intéressé en amont, par exemple quand on voit apparaître en janvier 2013 une forte demande de davantage d’information sur la crise au Mali courant 2012.
La question d’actualité 2013 de ce sondage annuel portait sur ce que certains ont appelé à l’automne le « Hollande Bashing » d’une partie de la presse . Les sondés ont effectivement le sentiment que François Hollande est , 6 mois après son élection, moins bien traité par les médias que Nicolas Sarkozy après 6 mois de mandat : 13 % jugent les médias plutôt favorables à l’actuel président, contre 37 % pour son prédécesseur en 2007.
Le rôle de la télévision reste leader dans les habitudes d’information : 69% l’utilisent afin d’ « avoir des nouvelles », contre 33% la radio, 27% Internet et 24% la presse quotidienne. (+1 point par rapport à 2012), 19 % la radio (stable), 10 % la presse écrite (-2) et 13 % Internet (+ 1), les sites des médias recueillant près des 2 tiers des visites pour s’informer.
Au cœur de ce sondage, les réponses à la question « les choses se sont elles passées vraiment comme le rapporte les médias ? » La hiérarchie ne change pas : la radio reste en tête de la cote de crédibilité,
suivie par la presse écrite et la télévision. Globalement la note de confiance reste stable. Mais la radio enregistre un recul de 4 points en 1 an (54 % contre 58 %). Si la presse écrite repasse sous la barre des 50 % de confiance à 49 % dans l’ensemble de la population, elle convainc davantage, à 54 %, ses lecteurs réguliers. La télévision reste stable à 48 % de confiance.
Internet recule pour la première fois en de crédibilité, à 35 % (-2), y compris chez les internautes réguliers, dont la confiance dans ce média passe à 43 % (- 4).
Internet trouve cependant de plus en plus sa place : 3e média préféré, devant la presse écrite, « pour connaître les nouvelles », second, après la télévision, pour « avoir des explications détaillée sur un événement », « comprendre un sujet de fond » et « connaître les points de vue différents qui existent sur un même sujet. L’utilisation d’Internet pour ces 3 motifs a cru de en moyenne de 25 points depuis 2004.
Contrairement aux autres années, TNS Sofres et La Croix n’ont pas interrogé les sondés sur l’indépendance des journalistes vis-à-vis des pouvoirs politiques et économiques. Début 2012 , les journalistes étaient jugés pas indépendants des pressions des partis politiques à 59 %, des pressions de l’argent à 56 %. Il aurait été utile de voir si une année marquée par six mois de campagne électorale et l’alternance politique modifiait cette perception.
TNS Sofres et la Croix ont enfin sondé le sentiment des français sur la crise de la presse. 53 % jugent que la presse est « dans une mauvaise situation économique et financière ». Pour les deux tiers d’eux cela représente un danger pour la démocratie.
P.G.
Sondage TNS Sofres pour La Croix du 4 au 7 janvier 2013 auprès de 1000 personnes sélectionnées selon la méthode des quotas et interrogées à leur domicile.
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