Sa recommandation sur le traitement des conflits militaires dépasse ses prérogatives — De nombreuses interpellations avaient conduit le CSA, au début de l’été 2013, à surseoir à la publication de sa recommandation « relative au traitement des conflits internationaux, des guerres civiles et des actes terroristes » par les médias audiovisuels (voir Le Bulletin de l’APCP n° 30, octobre 2013). Elle a finalement été publiée, amendée, le 3 décembre 2013 – elle est ici . lire l’article d’Yves Agnès
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Il n’embraye pas sur la proposition du PS de favoriser sa création
« Il y a le PS, le gouvernement et le Parlement. Le gouvernement est plus réservé que le PS sur la création d’un outil de médiation et de déontologie de l’information. Je continue à plaider ; mais il faudrait qu’il y ait une manifestation d’intérêt ». Ces propos légèrement désabusés ont été tenus le 23 août 2013 à La Rochelle, pendant l’université d’été du Parti socialiste, par son secrétaire national aux médias Philippe Buisson. Celui-ci a entrainé sa formation dans une position sans équivoque et constructive en faveur des moyens structurels à mettre en place pour améliorer la qualité de l’information en France (« charte chapeau » et instance de déontologie, lire ici).
Mais ses efforts pour convaincre le gouvernement n’ont pas été – encore – couronnés de succès. Non que l’Elysée ou Matignon y soient défavorables ; mais la ministre de la culture et de la communication, Aurélie Filippetti, fait la sourde oreille et semble vouloir enterrer le dossier. On s’attendait au moins à une écoute positive de sa part, la ministre nous ayant déclaré lorsque nous l’interrogions le 10 avril 2012 sur la création d’un conseil de presse : « Oui, c’est une bonne idée, ce serait quelque chose d’utile. Tout ce qui favorise la médiation entre la presse et le public est à encourager. Le politique peut encourager la création d’une telle instance, mais sans être trop dirigiste. » (lire cette interview ). De belles paroles sans aucune suite concrète.
On peut aussi s’étonner d’une même inversion d’attitude chez le président de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale, le socialiste Patrick Bloche, prédécesseur de Philippe Buisson pour les questions de médias au sein du parti. Récemment favorable à une telle perspective, il a déclaré publiquement le 1er juillet 2013 y être opposé, devant les patrons de la presse professionnelle ; il a récidivé le 31 août dans une interview au site « PC INpact », affirmant notamment qu’aucune régulation ne s’imposait pas pour la presse écrite et le web, la loi du 29 juillet 1881 étant suffisante à ses yeux.
Ces attitudes ont bien sûr des motivations. L’une est que le gouvernement et son soutien parlementaire ont bien des dossiers qu’ils jugent « prioritaires » et que celui de la qualité des médias et du débat démocratique n’en est pas un pour eux. Une autre est que, en l’état actuel des choses, les opposants actuels à une instance de déontologie se trouvent surtout parmi les éditeurs de média et leurs organisations ; l’exécutif socialiste a déjà une grande partie de l’opinion contre lui, il ne veut pas « se mettre à dos » ceux-ci et semble enclin à leur accorder ses faveurs.
Pourtant, l’intervention des pouvoirs publics n’est pas aujourd’hui sollicitée pour légiférer. A ce stade du débat, ils pourraient jouer utilement les facilitateurs, les médiateurs dans la profession. L’objectif est bien l’autorégulation avec la participation du public, et non une régulation étatique non conforme aux intérêts des médias, des journalistes et des citoyens. Une telle intervention ne coûte rien, si ce n’est un peu de temps… Il est dommageable pour tous que cela ne soit pas compris. Yves Agnès.
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