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Journalistes au front :« Une information ne vaut pas une balle… »

Les Entretiens de l’information ont organisé le 26 juin une « journée de réflexion » autour du thème « Informer sur les guerres de l’armée française ». Jean-Dominique Merchet (L’Opinion) a bien défini les différents rôles journalistique, en fait « trois métiers : reporter de guerre, suivi de l’actualité politico-militaire en France, et suivi de l’institution militaire elle-même », l’exemple de la féminisation des armées (15% des effectifs aujourd’hui) à l’appui.

Le deuxième métier est sans doute le plus ingrat, si l’on en croit les spécialistes. « Dans les rédactions, on ne s’intéresse qu’aux clichés : Bamako, c’est la libération de Paris, l’avancée des militaires c’est le Paris-Dakar, les opérations au Mali c’est la rémanence des djebels de la guerre d’Algérie », regrette Pierre Babey (ancien rédacteur en chef à France 3). Bruno Fanucchi (Le Parisien, président de l’Association des journalistes défense) renchérit : « Pour chaque reportage, il faut se battre pour partir. Lorsque sur le terrain on propose un sujet, un rédacteur en chef peut être intéressé, un autre non… quand on appelle d’Afghanistan, ce n’est pas très amusant ». Et Jean Guisnel (Le Point) enfonce le clou : « Maintenant, les rédactions veulent des gens qui sautillent d’un sujet à l’autre. Et si le papier n’est pas personnalisé, il n’a aucune chance de passer… »

Des relations professionnalisées

Pour les reporters sur le terrain – et particulièrement sur les opérations au Mali et en Centrafrique – être embedded (accompagner un détachement) ou pas ne paraît plus être un problème, comme lors de première guerre du Golfe. « C’est un mal nécessaire, mais les relations avec les militaires se sont professionnalisées depuis vingt-cinq ans, souligne Vincent Hugeux (L’Express). La clé est la clarté du contrat, le non-dit est générateur de toxines ». « Même dépendant totalement des militaires, comme moi à Gao, on peut avoir une autonomie de jugement » (Thomas Hofnung, Libération). « Sur le terrain, il ne faut pas montrer une proximité trop forte » (Claude Guibal, France Culture).

En Centrafrique, le lieutenant-colonel Thomas Mollard a encadré quelques 480 journalistes de tous pays en quatre mois. Son credo : respecter de part et d’autre un « pacte moral » ; « mon rôle est de vous permettre de faire votre métier ». Les journalistes confirment qu’il n’y a « aucun contrôle » sur le travail des envoyés spéciaux. Conclusion du patron de la Délégation à l’information et à la communication de la défense (DICOD) Pierre Bayle : « Les dernières opérations ont montré qu’on avait dépassé les incompréhensions ».

Jusqu’où prendre des risques ?

Question très présente chez les journalistes (comme chez les militaires et les responsables politiques). Nicolas Hénin, free lance : « J’ai maintenant peur de ce que je connais », le cauchemar d’une prise d’otages de dix mois en Syrie… Marc Semo (Libération) énonce un sentiment général : « Le grand changement, ce sont les prises d’otages ». Mais le risque est inégal : d’un côté les journalistes des grands médias qui peuvent y faire face, de l’autre, dénonce Stéphane Manier (membre du bureau de Reporters sans frontières) « la masse des indépendants, des occasionnels qui sont dans des situations extrêmement précaires et prennent des risques insensés ». Morad Ait-Habbouche a été de ceux-là, il dirige maintenant une petite agence et constate, amer, que les chaînes de télévision n’augmentent pas leur rétribution en fonction des risques. Alors il veut qu’on se pose « la bonne question : prendre des risques, pour quoi et pour qui ? » Lui répond : « Une information ne vaut pas une balle ». Y.A.




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