La livraison 2014 du Baromètre La Croix TNS-Sofres* sur les français et les médias est riche de chiffres … et de contradictions. Côté bonne nouvelle, l’amélioration – modeste – de la confiance des personnes interrogées sur ce qu’ils entendent et lisent. A la question « les choses se sont elles vraiment passées comme le raconte ….”, ils sont 58 % à répondre oui pour la radio (+ 4 points en 1 an), 55% pour la presse écrite (+ 6 points) , 50 % pour la télévision ( + 2 points) et 37 % pour internet (+2 points) , même si le contenu d’internet est « mis en doute par les internautes eux mêmes » note Edouard Lecerf, le directeur général de TNS. Côté négatif, l’indépendance des journalistes est toujours mise ne doute par une majorité de sondés, qui considèrent à 66 % (+ 7) qu’ils ne résistent pas aux pressions des partis politiques et à 60 % (+ 4) par non plus à celles de « l’argent ». La formulation des questions, qui parlent des supports quand il s’agit de la confiance et des hommes et femmes quand il s’agit des pressions explique peut-être cette contraction. Mais la tendance lourde est bien la méfiance, comme le confirme un autre sondage** consacré à la confiance dans les institutions, où les médias arrivent avant derniers d’une liste de 17 institutions, à 23 % de confiance seulement !
Une question inédite a été posée cette année par le Baromètre La Croix TNS-Sofres, sur la place donnée aux « bonnes » et aux « mauvaises » nouvelles pas les médias. Les personnes interrogées estiment majoritairement, à 61 %, que les médias donnent trop de place aux mauvaises nouvelles. Le jugement sur la place accordée à 20 évènements de 2013 confirme ce chiffre. Médias et journalistes ont par exemple trop parlé, selon les sondés, du mariage pour tous, de Léonarda, de l’affaire Cahuzac. Ils n’ont pas assez parlé de l’entrée Croatie dans l’Union Européenne, de l’ allongement de la durée de cotisation pour les retraites ou de la découverte de traces d’eau sur Mars . Ils ont parlé « comme il faut » de l’élection du Pape François, du déraillement de Brétigny et de la mort de Nelson Mandela. Ces données traduisent elles, note Emmanuelle Gulaini dans la Croix, que « nous serions donc enclins à rechercher une information constructive, riche de sens et portant à l’action courageuse plutôt qu’à la délectation morose « ?
Ultime paradoxe de ce baromètre : méfiance et suspicion ne conduisent pas à bouder les médias. Au contraire, les chiffres indiquent qu’ils seront suivis en cette année électorale. Pour 57 % des personnes interrogées, ils joueront un rôle plutôt important voire très important pour aider les électeurs à faire leur choix lors des élections municipales. Prédiction qui est faite même par 64 % des sondés dans le cas des élections européennes de mai prochain. P.G.
*Sondage réalisé par l’Institut TNS Sofres pour La Croix, du 3 au 6 janvier -1023 personnes de plus de 18 ans ont été interrogées en face-à-face à leur domicile – analyse selon la méthode des quotas. Le sondage est ici.
**Ipsos pour le Monde, le CEVIPOF, la Fondation Jean Jaurès et France inter, réalisé par internet du 8 au 14 janvier 2014 auprès d’un échantillon de 1005 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
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