Les règles de « bonne conduite » rendues publiques par la chaîne en 1994 sont tombées dans l’oubli
Session des « Entretiens de l’information » à l’INA, 19 février 2013: un participant dans la salle interpelle un journaliste de TF1 à la tribune : « Avez-vous une charte de déontologie à TF1 ? ». « Non », répond le journaliste.Pourtant, un texte a bien été promulgué et rendu public par la direction de la chaîne en janvier 1994. Mais la majeure partie de ses journalistes ignorent aujourd’hui qu’il existe, car il a presque aussitôt été remisé et bientôt oublié. Il a pourtant été repris en 1999 dans le rapport du sociologue Jean-Marie Charon au ministre de la communication Catherine Trautmann « Réflexions et propositions sur la déontologie de l’information », et est disponible sur Internet par ce biais (« charte élaborée par TF1 »).
Une autre « charte », réglant les rapports entre l’actionnaire et la Société des journalistes de TF1 avait été signée le 6 juillet 1987, lors de la privatisation de la chaîne, par Francis Bouygues et Bruno Masure. Elle prévoit notamment que toute entorse aux règles déontologiques « régissant la profession de journaliste » seront examinées par les deux parties (curieux accord puisqu’aucun code ne « régit » cette profession).
Le débat déontologique du début des années 1990, à la suite de sérieuses « bavures » dans les médias, amène la direction de la rédaction et son chef Gérard Carreyrou à mettre au point et proposer un ensemble de dix-huit règles, préparées au second semestre de 1993. Elles sont rendues publiques début 1994, notamment dans un dossier du Monde daté 26 janvier. Le Monde indique que « les deux cents journalistes de TF1 ont accepté ces règles ».Pas tout à fait, car la Société des journalistes, à l’époque en conflit de représentativité avec les syndicat CFTC majoritaire à TF1, n’a pas signé ce texte. « Les journalistes de TF1 n’ont pas choisi, ni accepté de s’imposer » ces règles, déclare-t-elle à l’AFP, lesquelles « n’ont pas été soumises à l’approbation formelle des journalistes ».
Un débat interne et public a alors eu lieu et le PDG, Patrick Le Lay, y a mis fin dans une interview à Télérama (16 février 1994) : « Instaurer une charte déontologique est une décision importante. Mais puisque la Société des journalistes ne l’a pas entérinée, elle n’a pas d’existence officielle même interne. » Ainsi la rédaction de TF1 a bien eu un texte, jamais formellement accepté, jamais formellement abandonné, mais il est tombé en désuétude. Et les successeurs de Francis Bouygues, Patrick Le Lay, Gérard Carreyrou et Bruno Masure ne l’ont jamais remis en chantier. Y.A Lire ici La Charte déontologique de TF1
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