L’IPSO (Independant Press Standard Organisation), créé il y a 15 mois par l’industrie de la presse britannique pour tirer les leçons du scandale News Of The World , a publié le nouveau code de pratique professionnelle auquel elle se référera désormais. Il s’appliquera à tous les journalistes écrivant pour les quotidiens, les magazines et les sites d’information en ligne.
Son préambule pose qu’il faut à la fois protéger les droits des personnes citées par la presse et « le droit du public à savoir ». Il précise que ces règles s’appliquent à toute « l’équipe éditoriale et aux contributeurs extérieurs y compris les non-journalistes ». Précision qui pourrait concerner les commentaires publiés par les les lecteurs, et la jurisprudence du comité des plaintes sera à suivre sur ce point. Enfin, ce préambule instaure que toute publication convaincue d’avoir enfreint une règle du code devra publier l’avis de l’IPSO d’une façon visible.
La rédaction de ce code a été précédé d’une consultation publique en ligne, qui a reçu quelques 200 contributions, et, selon IPSO, a tenu compte des critiques du rapport Levenson qui avait, entre autres causes du scandale News Of The World, dénoncé le silence de feue la Press Complaint Commision devant certaines dérives. Le comité de rédaction, composé au départ exclusivement d’éditeurs, s’est adjoint trois experts indépendants – une spécialiste des médias , un ancien journaliste d’investigation, la fondatrice d’une société spécialisée dans les technologies digitales - dont la présence a rassuré certains de ses détracteurs – ici. Mais d’autres – ici – dénoncent des changements cosmétiques par rapport au code précédent, voire un texte « édulcoré » dans certaines de ses dispositions.
De nombreuses exceptions à la règle possibles
Ce nouveau code comprend 16 articles, chacun divisé en plusieurs item, soit au total 41 clauses déontologiques. Parmi les points nouveaux ou amendés, la nécessité que le titre reflète le texte qu’il annonce, l’accent mis sur la retenue dans le récit des suicides, l’ajout du genre dans la liste des catégories d’individus couvertes par la clause de discrimination. Pour le reste, on retrouve les règles classiques concernant l’exactitude, la protection des mineurs et des victimes de crime sexuels, les conflits d’intérêt etc.
La nécessité de respecter la vie privée est assortie d’une invitation à « justifier les intrusions dans la vie privée » faites sans le consentement des personnes concernées, et de l’affirmation péremptoire « il est inconcevable de photographier des personnes dans des lieux privées sans leur consentement », qui fait sourire … Il est également écrit qu’un journaliste ne doit pas « persister à questionner, téléphoner, ni poursuivre ou photographier des personnes après qu’elles lui ait demandé de cesser » , que la presse ne doit pas « intercepter d’appels téléphoniques ou de courriels, ni utiliser de matériels provenant de caméras cachées ou d’écoutes clandestines « . Mais ces deux règles font partie des 25 – sur 41 ! – pour lesquelles les éditeurs pourront plaider … l’exception à la règle au nom de l’intérêt public.
Cette notion d’intérêt public est explicitée comme, entre autres, la nécessite de « rendre compte de crimes ou de graves irrégularités, de protéger la santé et la sécurité, d’éviter que le public soit induit en erreur pas des actes ou des déclarations » . Même si un journal qui invoquerait cet intérêt public devra en démontrer la nécessité au comité des plaintes d’IPSO, cela laisse aux pires des journaux britanniques la possibilité de ne pas trop changer leurs mauvaises habitudes. Là aussi les premières décisions d’IPSO seront déterminantes pour mesurer le changement d’état d’esprit des éditeurs.
Ce code est accessible en ligne ici , et sera prochainement disponible dans un format adapté aux téléphonie mobile, pour que les journalistes puissent le consulter en toute circonstance. P G.
Commentaires récents