L’Independent Press Standards Organisation (IPSO) mise en place en 2014 par l’industrie de la presse écrite britannique passe à la vitesse supérieure. Elle publie un plan stratégique pour les 5 ans à venir et se soumet à un premier audit de son action.
En 2015, plus de 12 000 demandes de renseignement et dossiers lui ont été adressées, qui ont débouché sur 3500 plaintes sur le respect ou non du code de bonnes pratiques — dont des plaintes multiples, comme les 2800 en novembre 2015 à propos du titre d’un tabloïd affirmant que « un musulman britannique sur 5 avait des sympathies pour les djihadistes ». Difficile d’en savoir davantage à la lecture de cette esquisse de bilan annuel. IPSO se félicite surtout d’avoir demandé et obtenu 8 corrections publiées en « une » par les journaux concernés.
En 2016, IPSO veut donner plus de place aux lecteurs et aux citoyens et montrer que la question n’est plus en Grande Bretagne « quel modèle de régulation faut il ? » mais « comment IPSO fait il ce travail et quelle est sa réputation ? » . Pour que la réponse à cette question soit à l’avenir positive, les rédacteurs de ce programme précisent qu’IPSO » doit montrer qu’elle n’ a pas peur de s’opposer aux manquements les plus graves et qu’elle s’est armée pour le faire ».
Pour les années à venir, le régulateur de l’industrie de la presse écrite britannique annonce vouloir œuvrer pour une presse « crédible, prospère, libre et responsable , renforcée par une réglementation indépendante efficace ». Mais il est reconnaît n’être qu’un acteur parmi tous ceux qui permettront d’atteindre des normes éthiques élevées dans la presse. Il se donne donc 5 priorités pour les 5 prochaines années :
- mettre les intérêts du public au cœur de son organisation; IPSO s’affirme à ce propos consciente du « déséquilibre de pouvoir entre les citoyens et les groupes d’édition » et s’engage notamment à gérer les plaintes en s’alignant sur les plus hautes exigences des conseils de presse existants.
- être considéré, par les éditeurs et par les tiers, comme une marque de qualité et de respect de normes professionnelles. Les réserves des organisations de citoyens et du syndicat des journalistes britanniques n’ont en effet pas toutes été levées après les 18 premiers mois d’activité.
- démontrer son indépendance vis-à-vis de la presse, du gouvernement et d’autres intérêts et se soumettre périodiquement à des évaluations, dont la première est annoncée dans la foulée.
- développer son apport à l’amélioration des normes professionnelles au-delà des réponses aux plaintes du public.
- amener les journaux membres d’IPSO, par son travail qui exclura « complaisance et menace », à en rester membres à l’issu des 5 premières années d’existence de l’organisation. C’est en effet un enjeu essentiel pour IPSO , les éditeurs ne s’étant engagés pour l’instant, au moment du scandale News of The World, que pour 5 ans.
En même temps que la publication de ces objectifs pour 2016 et que ce plan stratégique de 5 ans , I‘Independent Press Standards Organisation a annoncé le lancement d’une mission d’évaluation de son action. Elle l’a confié à un expert indépendant dont elle assure qu’il n’aura pas à lui soumettre ses conclusions avant publication. Il s’agit de Sir Joseph Pilling, un ancien haut fonctionnaire britannique qui a notamment été secrétaire général de l’administration d’Irlande du Nord. Il étudiera entre autre le degré d’indépendance des structures de décision d’IPSO – dont les procédures de gestion et d’analyse des plaintes -, leur gestion des conflits d’intérêts et leur financement. Il rendra ses conclusions dans six mois. Il invite quiconque a des remarques à faire à le contacter. PG
0 Réponses à “L’instance de régulation de la presse écrite britannique se dote d’un plan stratégique”