L’AIPCE s’étonne de l’absence de la France
Encourageant, frustrant, parfois embarrassant, c’est à cela qu’un militant de l’APCP peut résumer sa participation en observateur à la conférence annuelle de l’AIPCE, l’Alliance des conseils de presse indépendants d’Europe qui s’est tenue du au 11 septembre 2013 à Tel Aviv (Israël) en présence de délégués d’une trentaine de pays.
Encourageant de constater que nous sommes dans le vrai. L’autorégulation indépendante des médias n’est remise en cause dans aucun des pays où elle s’exerce, parfois depuis un siècle. C’est désormais un élément nécessaire de la vie démocratique et de la bonne santé de la presse. Dans la plupart des pays les activités sont en augmentation. En un an le conseil de presse autrichien est passé de 80 plaintes à 145, en Norvège de 339 à 374 ; après une légère décrue, le médiateur national de Suède est déjà à 70% au-dessus du niveau de 2012 pour les plaintes de l’année en cours ; du 1er janvier à la mi-août 2013, la Press Complaints Commission britannique, malgré la polémique autour de l’affaires des écoutes téléphoniques de la presse Murdoch, a reçu près de 4000 plaintes et s’est prononcée sur 1225 cas. Les incapacités notoires de la PCC n’ont pas débouché sur l’abolition du système mais au contraire sur la création d’une nouvelle instance, l’Independent Press Standards Organisation (IPSO), a prioriplus efficace puisque composée à tous ses échelons d’une majorité de membres indépendants, habilitée à mener ses propres enquêtes et à infliger des amendes d’un million de livres.

De g à d : Ola Sigvardsson, Médiateur dela presse, Suède ; Tal Schneider, bloggeuse politique ; John Horgan, Médiateur de la presse, Irlande ; Tehilla Schwartz Altshuler, Institut israélien pour la démocratie, Hanoch Marmari, rédacteur en chef 7th Eye.
Les conseils de presse sont de plus en plus sollicités sur le contenu des forums d’Internet, si bien que le statut des réseaux sociaux a franchi un palier : les participants à la conférence parlent désormais de « médias sociaux ». Selon une étude britannique, Twitter dépasse déjà les agences de presse pour l’information sportive ou les catastrophes et les rejoint sur la vie politique. Dans certains pays il n’existe aucune modération des forums. La question de l’anonymat des internautes ne fait pas l’unanimité : certains délégués estiment que l’anonymat est un droit, qui permet l’expression d’opinions intéressantes qui n’auraient pas été publiées avec signature ; d’autres estiment que l’on doit savoir qui dit quoi et que les gens sont responsables de ce qu’ils écrivent. « La liberté, demande Dominique Von Burg (Suisse), est-ce l’absence de règles ou un cadre dans lequel s’exerce la liberté ? »
Est-il souhaitable de définir des règles déontologiques européennes ? Sur la nécessité d’une autorégulation indépendante et de sa protection, certainement. « Utiliser l’éthique comme preuve de qualité », cette affirmation du médiateur suédois Ola Sigvardsson fait l’unanimité. « Tenir les politiques à distance » est la phrase qui est revenue le plus souvent dans cette conférence, l’indépendance est vitale même pour Lord Hunt, président de la PCC et ancien ministre de Sa Majesté ! Sur le secret des sources et leur protection oui, sans doute, ils sont tous d’accord. Sur les frontières de la vie privée, les législations et les sensibilités sont diverses ; sur la définition de « l’intérêt public » on se heurte aussi à des pratiques culturelles différentes, un délégué allemand estimant par exemple que cette notion dépend de la « demande » du public.
Que tout cela peut être passionnant, frustrant à écouter et surtout embarrassant, lorsque les yeux se tournent vers vous et que tombe la question fatale : « Mais pourquoi la France est-elle le seul grand pays européen où il n’y a pas de Conseil de Presse ? » . Didier EPELBAUM
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